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Le passé, le présent et l’avenir de la gestion de la circulation aérienne au Canada convergent dans les nouvelles expositions créées par Ingenium – Musées des sciences et de l’innovation du Canada grâce aux histoires et aux artéfacts d’employés actuels et retraités de NAV CANADA.

Offrant un regard en coulisse sur les systèmes, les gens et les technologies qui assurent la sécurité de l’espace aérien canadien, l’exposition Regard sur le ciel : gérer la circulation aérienne au Canada est actuellement présentée au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada (MAEC). Une exposition itinérante complémentaire du même nom est également en tournée partout au Canada.

Comment est née l’idée de Regard sur le ciel : gérer la circulation aérienne au Canada?

Le personnel du MAEC a toujours su que cette histoire faisait défaut au musée : il s’agissait juste de trouver la bonne occasion de lancer un tel projet. J’avais déjà effectué un travail de recherche sur l’histoire du contrôle de la circulation aérienne au Canada; nous ne sommes donc pas partis de rien en cette matière.

C’est vraiment grâce à Chris Kitzan, directeur général du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, et à l’équipe de développement des affaires d’Ingenium, quiétudiait des moyens de travailler avec NAV CANADA, que l’idée d’un partenariat et d’une exposition est née.

Quel artéfact ou quelle histoire avez-vous le plus hâte de partager avec les visiteurs du musée?

Pas simple comme question, car les artéfacts fascinants et les histoires formidables abondent dans cette exposition! Mais je dirais que mon cœur balance entre la console du radar d’approche de précision (RAP), qu’on peut voir dans la section qui porte sur les vols transatlantiques et le centre de contrôle de Gander, à Terre-Neuve, et l’histoire d’Eric Staples, un ancien contrôleur de la circulation aérienne qui a travaillé à beaucoup d’endroits au pays, y compris à Iqaluit à la fin des années 1950. 

La console RAP a été la première de ce type à être installée au Canada en 1959 et c’est un des rares artéfacts que nous possédions dans notre collection pour ce projet. C’est un objet vraiment extraordinaire, et j’ai eu le bonheur d’interviewer l’une des premières personnes à avoir obtenu la certification requise pour l’utiliser, soit Frank Tibbo, qui – heureux hasard – était originaire de Gander.

J’adore l’histoire d’Eric Staples. Je suis très reconnaissante à sa famille, et tout particulièrement à sa fille Brenda, de me l’avoir racontée et de nous avoir prêté des objets pour l’exposition. En plus de ses licences de contrôleur et d’opérateur radio et de sa calculatrice de vol, nous avons des photos et des séquences vidéo datant de l’hiver 1957-1958 lorsqu’il travaillait à Iqaluit. C’est incroyable! Il était également primordial pour moi de faire connaître l’histoire des femmes dans le contrôle de la circulation aérienne : c’est la raison pour laquelle une section de l’exposition est tout spécialement consacrée à ce thème, bien que les femmes soient représentées dans toute l’exposition.

Comment avez-vous recueilli les artéfacts et les renseignements présentés dans cette exposition?

La préparation de cette exposition a nécessité un travail d’équipe de très longue haleine. Pour ce qui est des artéfacts, j’ai reçu beaucoup d’aide de l’équipe de NAV CANADA, qui a fait appel à ses employés pour dénicher des objets intéressants. La récolte a été très fructueuse. J’ai également réussi à joindre plusieurs anciens employés de Transports Canada et de NAV CANADA qui travaillaient dans le domaine de la gestion de la circulation aérienne, ce qui m’a permis de négocier de nombreux prêts. Regard sur le ciel présente également des objets provenant d’autres musées et d’autres institutions culturelles, notamment le Musée de l’aviation de Montréal ainsi que Bibliothèque et Archives Canada.

En ce qui a trait à la recherche et à l’information, j’avais déjà acquis certaines connaissances grâce au projet de recherche dont j’ai parlé plus tôt, mais j’ai quand même dû consulter beaucoup de gens de NAV CANADA ainsi que de nombreux anciens employés de Transports Canada pour régler une foule de détails et m’assurer de bien comprendre les rouages de ce système très vaste et très complexe.

J’ai eu la chance de visiter des centres de contrôle régional à Montréal, à Toronto et à Gander, ainsi que le centre de formation, ici à Ottawa, et une tour de contrôle à l’aéroport Pearson. Je suis très reconnaissante à toutes les personnes qui ont fait des pieds et des mains pour que ce projet prenne forme. J’ai beaucoup appris.

Comment cette nouvelle exposition s’inscrit-elle dans la collection d’artéfacts du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada?

Le musée possède une collection d’aéronefs absolument incroyable; elle figure régulièrement au palmarès des meilleures collections de ce type au monde. Notre équipe fait un travail fantastique pour mettre en valeur les exploits technologiques sidérants que représentent ces appareils, mais il manquait tout ce qui se fait en arrière-plan et qui permet à ces objets étonnants de voler.

À mon avis, nous tenons largement ces choses pour acquises : nous montons à bord d’un avion, quittons un endroit et arrivons ailleurs sans savoir combien de personnes et de systèmes ont rendu ce vol possible. Ce système est conçu pour être invisible jusqu’à un certain point, et il devient visible seulement lorsque quelque chose ne fonctionne pas. C’est dans cet esprit que nous avons voulu présenter le système de navigation aérienne au Canada, qui permet à une foule de gens de voler en toute sécurité dans l’espace aérien canadien grâce à une technologie de pointe et à un personnel hautement qualifié.

D’après vos recherches approfondies, qu’est-ce qui représente, à votre avis, le progrès le plus important en matière de gestion de la circulation aérienne au Canada?

C’est une question difficile et ma réponse sera peut-être un peu surprenante. Je dirais que c’est l’introduction de l’informatique dans la gestion de la circulation aérienne, car cela a permis de mettre au point de nombreuses autres technologies qui rendent les vols plus sécuritaires. En plus d’automatiser de nombreuses tâches autrefois manuelles, les ordinateurs traitent les données en provenance des radars et les transmettent aux contrôleurs de la circulation aérienne, qui les consultent sur leurs consoles.

De nos jours, nous avons recours aux ordinateurs dans le cadre de programmes de formation par simulation, et des logiciels aident les personnes responsables de la gestion de la circulation aérienne à faire leur travail plus efficacement grâce à de meilleurs outils. Les ordinateurs sont au cœur de nombreuses autres avancées et ont vraiment révolutionné le domaine.

Le Musée de l’aviation et de l’espace du Canada couvre plus de 100 ans d’histoire du Canada. Comment avez-vous fait pour concevoir une exposition portant sur une période aussi vaste?

Heureusement pour nous, l’histoire « officielle » de la gestion de la circulation aérienne au Canada ne compte que 100 ans – 80 si on part de sa mise en œuvre officielle, en 1939. L’exposition est divisée en grands thèmes qui couvrent l’histoire de la gestion de la circulation aérienne au Canada : les systèmes, les gens et la technologie. En raison de contraintes d’espace physique et des protocoles de conception d’expositions que nous sommes tenus de suivre, nous n’avons pas pu exploiter les sujets très en profondeur. Nous avons donc tenté de faire ressortir le volet humain autant que possible et de nous concentrer sur les points saillants plutôt que de parcourir l’histoire étape par étape, car là n’est pas le but d’une exposition.

Une exposition communique des messages précis sur un sujet de manière amusante et engageante. Lorsque nous estimons qu’un sujet requiert davantage de communication ou d’informations, nous utilisons des vidéos et des infographies. À titre d’exemple, nous avons produit des vidéos qui expliquent le fonctionnement du radar et de la surveillance dépendante automatique en mode diffusion satellitaire, de même qu’une infographie pour expliquer le rôle que joue le centre de contrôle de Gander dans la gestion des vols transatlantiques.

Une grande partie de la planification et du montage de cette exposition s’est déroulée pendant la pandémie de COVID-19. Quelles répercussions la pandémie a-t-elle eues sur votre travail?

Ce fut un énorme défi. Les contraintes imposées par la pandémie nous ont donné du mal à conclure les prêts et à obtenir les autorisations d’utilisation des images, car les institutions avec lesquelles nous travaillions étaient fermées, tout comme nous, mais elles n’avaient pas encore mis en place les outils pour le télétravail.

Mes collègues, Erin Poulton (planificatrice de l’interprétation) et Rachelle Fournier (gestionnaire de projets), ont elles aussi eu des défis à relever. Nous avons dû consulter presque tous nos documents à l’écran, alors que nous disposions auparavant de copies imprimées que nous pouvions étudier et annoter à notre guise. Il y a aussi eu des problèmes d’approvisionnement pour obtenir les matériaux dont nous avions besoin pour monter l’exposition, ce qui a occasionné de nombreux retards de fabrication.

En fait, il y a eu des retards partout : nous étions censés ouvrir en novembre 2020, mais la pandémie nous a obligés à reporter cette inauguration jusqu’à aujourd’hui, ce qui a eu une incidence sur d’autres membres de l’équipe comme Matt Bruce et Erika Range, nos conservateurs, ou encore Jason Robinson, qui a aidé à coordonner l’installation de l’exposition et veille maintenant à ce qu’elle reste en bon état.

Certains membres de l’équipe, tout comme moi, devaient s’occuper de jeunes enfants ou de membres de leur famille et la pandémie a sérieusement compliqué la tâche à cet égard.

Alors, oui, la pandémie a eu des répercussions considérables sur la conception de cette exposition. C’est une expérience que je n’oublierai pas de sitôt; je suis sûre que tous les membres de l’équipe ressentent la même chose.

En prenant connaissance de ces histoires et en voyant ces artéfacts pour la première fois, qu’est-ce que les visiteurs devraient tirer de cette exposition, selon vous?

J’espère que les visiteurs verront le système de navigation aérienne canadien sous un angle nouveau. Même s’ils ne retiennent pas un fait en particulier ou une histoire précise, j’espère tout de même qu’ils auront l’impression de comprendre un peu mieux ce volet de l’industrie aéronautique.

J’espère aussi que nos jeunes visiteurs seront amenés à réfléchir au type de métier qu’ils aimeraient exercer dans les domaines dont nous parlons tout au long de l’exposition ou qu’ils sauront au moins que ce type de travail existe et qu’ils peuvent en explorer les possibilités.

Enfin, je souhaite que nos visiteurs repartent remplis de fierté pour l’excellent travail accompli par NAV CANADA depuis 1996.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à l’aviation?

Je dois dire que je ne m’intéressais pas trop à l’aviation avant de commencer à travailler au musée, il y a huit ans. Je suis encore un peu étonnée de la rapidité et de l’intensité avec lesquelles je suis tombée amoureuse de ce domaine une fois que j’ai commencé à travailler ici. Chaque pas que je fais et chaque projet que j’entreprends nourrissent cette passion. Les mots me manquent pour vous dire à quel point c’est merveilleux et combien je suis chanceuse de travailler chaque jour dans cette merveilleuse institution, avec d’incroyables collègues et cette collection tout à fait exceptionnelle. Plus encore, j’ai le bonheur de rencontrer les personnes les plus extraordinaires de cette industrie, des astronautes aux ingénieurs en passant par les vétérans et les gens d’affaires du milieu. Je dis souvent que, pour moi, ce n’est pas un travail : c’est un véritable mode de vie. Je ne le tiens jamais pour acquis.

Que signifie pour vous le fait de contribuer à façonner l’avenir de l’industrie de l’aviation au Canada?

Je ne pense vraiment pas à mon travail de cette façon. J’espère simplement inspirer les autres à envisager les possibilités qu’une carrière dans ce secteur d’activité pourrait leur offrir. Il y a énormément de changements à l’horizon, notamment avec l’essor du transport aérien urbain, l’utilisation accrue des drones et les aéronefs électriques.

Dans ce domaine, les possibilités sont infinies!

Je crois que le musée peut jouer un rôle important en faisant le pont entre l’industrie de l’aviation et les jeunes, en plus de faire connaître l’histoire de l’aviation à tous les Canadiens. Il est également capital, tant pour moi que pour toute l’équipe du MAEC, que le contenu du musée soit aussi représentatif que possible de la diversité de toutes les personnes qui travaillent dans ce domaine, afin que les visiteurs puissent se reconnaître dans le musée et, espérons-le, s’imaginer un jour dans ce secteur d’activité.

De juillet à octobre, l’exposition itinérante a été présentée à l’Alberta Aviation Museum, à Edmonton. Elle sera ensuite présentée au Hangar Flight Museum à Calgary, de novembre 2021 à février 2022, et au Lennox & Addington County Museum & Archives à Napanee, en Ontario, de mai à septembre 2023. Au fur et à mesure que de nouvelles étapes de la tournée seront confirmées, nous les ajouterons au site Web du Musée de l’aviation et de l’espace du Canada.

L’exposition au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada à Ottawa fait maintenant partie de la collection permanente du musée. Les employés actuels et anciens de NAV CANADA ont joué un rôle clé dans la création de cette exposition et les retombées de leurs contributions se feront sentir sur plusieurs générations.