7 octobre 2024
Ces dernières années, la multiplication des orages géomagnétiques a donné lieu à des spectacles lumineux époustouflants dans le ciel, qui ont captivé l’attention aux quatre coins de la planète. « C’était impressionnant », affirme Reed Oram, spécialiste de l’information de vol à Norman Wells, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui a pu admirer les aurores boréales en septembre 2024. « On aurait dit une symphonie de couleurs. Des nuances de vert vif dansaient dans le ciel, à la fois rapidement et lentement, tout au long de la nuit. »
Causées par une rafale d’éjections de masse coronale (ÉMC) en provenance du Soleil, les aurores boréales sont bien plus qu’un simple spectacle visuel – elles nous rappellent les puissants effets de la météo spatiale, laquelle peut avoir une incidence sur la vie sur Terre, notamment sur la technologie et les systèmes utilisés par toute l’industrie de l’aviation.
« Un pic d’activité solaire s’en vient », explique Cassandra Marion, conseillère scientifique au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. « Le champ magnétique du Soleil traverse des cycles solaires qui durent environ 11 ans. Pendant cette période, le Soleil passe d’un état relativement calme à un état très actif, pour ensuite revenir au calme. Lorsqu’il est en phase active, on observe davantage de taches, d’éruptions et de tempêtes solaires, qui peuvent envoyer des vagues d’énergie et des particules chargées dans l’espace. Le cycle solaire actuel devrait atteindre son apogée au cours de l’été 2025. »
Le champ magnétique de la Terre nous protège en grande partie de l’activité solaire; cependant, les périodes de forte activité solaire produisent des orages géomagnétiques. Ces tempêtes sont responsables de l’augmentation de l’étendue et de l’intensité des aurores boréales, qui produisent dans le ciel un magnifique spectacle de couleurs causé par les particules solaires chargées qui interagissent avec l’atmosphère terrestre.
Si ce phénomène est captivant à observer, les orages géomagnétiques peuvent entraîner des répercussions sur les technologies utilisées dans l’industrie de l’aviation. Par exemple, il peut arriver que des tempêtes solaires intenses perturbent certains systèmes de communication et de navigation.
Grâce à l’utilisation de nouvelles technologies et de capteurs au sol, dans l’espace et à bord des aéronefs, les pilotes sont en mesure d’effectuer des procédures de plus en plus complexes, ce qui leur permet d’être plus efficaces et de réduire les temps de vol. Lors de tempêtes solaires plutôt intenses, les signaux d’un système mondial de navigation par satellite (GNSS), que de nombreux aéronefs utilisent pour les procédures d’approche aux instruments, peuvent parfois être touchés. Dans ce cas, les pilotes peuvent être amenés à recourir à des procédures d’approche aux instruments tout aussi sécuritaires, mais moins efficaces, en utilisant d’autres systèmes de navigation.
Les avis consultatifs de météorologie de l’espace pour l’industrie de l’aviation sont fournis par des centres mondiaux de météorologie de l’espace spécialisés, qui utilisent une analyse détaillée de l’activité du Soleil surveillée par des observations en temps quasi réel à partir d’outils d’observation au sol et en orbite, afin de déterminer si les effets de la météo spatiale peuvent nuire suffisamment aux opérations aériennes pour justifier l’émission d’un avis.
« Les centres de météorologie de l’espace tentent de prévoir les variations du vent solaire et le moment où risque de se produire une éruption ou une ÉMC », explique Cassandra Marion. « Le rayonnement des éruptions solaires peut voyager à la vitesse de la lumière et avoir des répercussions sur la Terre en quelques minutes à peine. Les ÉMC, en revanche, peuvent mettre de 12 à 72 heures pour atteindre la Terre; nous pouvons donc mieux nous préparer à ces événements. Nous avons fait de grands progrès, mais il reste encore beaucoup à apprendre. »
Des satellites tels que le Solar Dynamics Observatory et l’Advanced Composition Explorer (ACE) fournissent des données essentielles pour ces prévisions et aident ainsi à prévoir le moment où les systèmes d’aviation pourraient être affectés. C’est particulièrement important pour les GNSS que les aéronefs utilisent pour accroître la précision de leur positionnement et de la navigation.
« Comme plusieurs centres de météorologie de l’espace surveillent l’activité du Soleil partout dans le monde et émettent des avis lorsqu’une activité modérée ou intense est observée ou prévue, l’industrie de l’aviation peut prendre des mesures pour atténuer les effets de la météo spatiale », explique Éric Dupuis, gestionnaire des Services météorologiques à l’aviation de NAV CANADA. « Par exemple, les pilotes peuvent consulter les bulletins d’avis consultatifs de météorologie de l’espace émis sous les codes FNXX01, FNXX02 et FNXX03 sur le site Web des Services de planification de vol en collaboration de NAV CANADA. Des mises à jour en vol sont également fournies par les centres d’information de vol (FIC) de la société, pour que les équipages de conduite soient toujours informés des effets potentiels du niveau d’activité du Soleil sur les vols prévus. »
En octobre 2024, des représentantes et représentants de la NASA, de la National Oceanic and Atmospheric Administration et du Solar Cycle Prediction Panel ont annoncé l’atteinte du pic de l’activité solaire, ce qui rend les avis consultatifs de météorologie de l’espace d’autant plus importants pour l’industrie de l’aviation. Pour en apprendre davantage sur les événements solaires à venir et leurs effets potentiels sur l’industrie de l’aviation, consultez le site Météo Spatiale Canada ou restez à l’affût des avis consultatifs de météorologie de l’espace de NAV CANADA.